Mohamed EL BACHIR
« Un monde qui s'achète et se vend, grimpe ou chute au grès des taux du dollar
Et de l'once d'or qui grimpent ou chutent au grès de la variation du prix du sang oriental.
Non...Beyrouth est la boussole du combattant. » (1)
Etats des lieux
Après presque un an de confrontation militaire entre la Résistance libanaise et l'Etat sioniste, le 27 novembre 2024, l'Etat libanais et l'Etat d'Israël signent un cessez-le-feu. Un cessez-le-feu que l'Etat sioniste n'a nullement respecté jusqu'à ce jour. Aucune pression n'est exercée sur Israël pour le respecter et encore moins quitter les cinq régions du Sud libanais. L'Etat sioniste agit en toute impunité. Un Etat au-dessus du Droit international qui colonise la Cisjordanie tout en affamant sous les bombes la population de Gaza. Génocide ? Camp de concentration ?
Peu importe, le terme utilisé, le ''Camp du bien'' (N.B) constitué par les Etats-unis, la France, l'Angleterre et l'Allemagne incarnant un Occident en décadence, laisse les mains libres à l'Etat sioniste pour tribaliser la Syrie. Avec le consentement du président syrien El Charra, prêt à la normalisation avec l'Etat génocidaire. C'est dans ce contexte régional que le gouvernement libanais est sommé par ce même ''Camp du Bien'' de faire de même. A savoir suivre la route de la reddition et de la soumission.
Désarmer la résistance libanaise
Le 5 août, le gouvernement libanais a accepté la proposition étasunienne transmise par l'envoyé Thomas Barrack dont le point principal est le désarmement de la résistance libanaise dont le fer de lance est le Hezbollah. Ce n'est qu'une fois le désarmement achevé qu'il est demandé à l'Etat sioniste de se retirer des territoires libanais. Enfin, pour assurer la protection du Liban, une force internationale sera constituée pour venir en aide à l'armée libanaise. Quant aux Etats arabes, ils joueront le rôle de financier pour résoudre la crise économique que subit le peuple libanais.
Autrement dit, le président libanais Joseph Aoun est invité à mettre sous tutelle politique et militaire le Liban. Une situation à laquelle le secrétaire général du Hezbollah,Cheikh Qassem a répondu sans détour : « le problème au Liban réside dans l'agression israélienne. Résolvez-le puis venez nous voir. Nous devons être des lions, et non des agneaux prêts à être dévorés. »(2)
Il est utile de souligner qu'aucune condition n'est imposée à l'Etat sioniste pour quitter les territoires libanais occupés. Et l'histoire démontre que tout territoire conquis par l'Etat sioniste devient de facto partie intégrante de l'Etat sioniste. Et pour cause, le premier ministre Benjamin Netanyahou n'a pas hésité a déclaré qu'il se sentait « très proche » (3) du Grand Israël. A cette déclaration, les dirigeants arabes, tels des enfants en colère, ont répondu que le premier ministre sioniste dévoile sa « mentalité imprégnée d'illusions colonialistes. » (3)
Ils font semblants d'ignorer que la stratégie sioniste est l'instauration du Grand Israël du Nil à l'Euphrate. Et que les traités de paix suivis des Accords d'Abraham consolident cette stratégie. Mais « ils sont tellement fascinés par le rendement de l'outil qu'ils ont perdu de vue l'immensité infinie du chantier » (4) et c'est pour cette raison que ces dirigeants arabes acceptent que les Etats qu'ils dirigent soient sous tutelle de l'impérialisme israélo-occidental. Aux peuples arabes de construire ce chantier, à commencer par se débarrasser des « dirigeants arabes dans l'habit du serviteur volontaire. » (5)
Alors que faire ?
Quitter la route de la reddition et de la soumission pour emprunter celle de la résistance et de la souveraineté !
Les résistances palestinienne, yéménite, irakienne et libanaise, avec l'aide de l'Iran, ont emprunté le chemin de la souveraineté. C'est un long chemin parsemé de multiples dangers internes et externes. Aujourd'hui, dans le pays du cèdre, la résistance libanaise, toutes confessions confondues, avec à sa tête le Hezbollah, est confrontée à un de ces dangers.
Ce danger interne à la société libanaise, entretenu par l'impérialisme israélo-occidental et les vassaux arabes, entraîne une question : est-il possible que le Hezbollah reste le Hezbollah du martyr « Hassan Nasrallah, le combattant du siècle »(6) sans qu'il y ait une confrontation militaire interne, une guerre civile ?
N.B.
Le ''camp du Bien'' : au sommet de l'Alliance de l'Atlantique Nord, le 30 juin 2022 à Madrid, le président français Macron avait déclaré : « la France, ses alliés, ses partenaires européens n'ont qu'un camp : celui de la paix, de la démocratie et du respect du droit international. »
(19/08/2025) Mohamed El Bachir
(1) Mahmud Darwich : poème : " La quassida de Beyrouth". La terre nous est étroite et autres poèmes. Editions Gallimard (Poésie), 2000. P. 178-197
(3) fr.timesofisrael.com
(4) Cheikh Amidou Khane :L'aventure ambiguë. Paris : Julliard, 1961.
(5) mondialisation.ca